« La vérité suprême de la vie est dans l’art », écrit Proust. Au pays de Descartes, une telle idée demeure assez méprisée. Le positivisme radical du XIXe siècle a réduit au supplément d’âme tout ce qui s’écarte de la science. Les œuvres d’art sont pourtant essentielles dans la quête du sens, des valeurs et de la liberté. De Condorcet à Malraux, la République considère d’ailleurs leur transmission comme une obligation majeure. L’accès de chacun à l’art y représente une condition de la citoyenneté. Legs de 1789, le musée incarne particulièrement ce lien entre l’art et la démocratie. Alors que dominent aujourd’hui la dématérialisation, le marché et l’atomisation des individus, il perpétue les conditions d’une rencontre authentique avec les oeuvres. S’il consent à se montrer plus contributif, plus indiscipliné, s’il renoue avec ses origines révolutionnaires, ce lieu vital pourra devenir un fab lab de la démocratie.
Les textes réunis ici éclairent, notamment au prisme du musée, la place de l’art dans le projet ontologique et axiologique de la République. Telle sera l’ambition de cette nouvelle collection : comprendre comment la politique culturelle contribue à l’édification du sens et des valeurs, comment elle peut devenir une politique de l’esprit.