EA 7347 HISTARA

Histoire de l’art,

des représentations et de

l’administration en europe

Nos équipes de CHERCHEURS

LES professeurs invités

Informations & Evolution de la recherche​

CV

Docteure en études de l’homme et de l’environnement de l’Université de Kyoto (2022), Moe Wada est actuellement professeure assistante à l’École doctorale d’études culturelles internationales de l’Université du Tohoku. Après avoir suivi un programme de master en sociologies des religions à l’Université de Strasbourg (2018 – 2019) en tant que boursière du gouvernement français, elle a effectué son doctorat, associé à la Société japonaise pour la promotion de la science (JSPS-DC1).

Son champ de recherche s’est axé sur la corrélation entre l’immigration et la sécurité, notamment dans le contexte français. En 2023, elle a publié son travail Exclusion des Immigrants au nom de la Sécurité (Keiso Shobo, 2023, en japonais).

 

Projet de recherche à Paris :

La laïcité diplomatique française dans la politique étrangère : un outil de dialogue international avec la religion au XXIe siècle ?

En tant que chercheuse invitée au sein de l’équipe Histara pour l’année 2024-2025, son projet de recherche se focalise sur l’analyse des évolutions récentes des politiques françaises, notamment dans les domaines de la diplomatie et de la sécurité, ainsi que sur la conception de la laïcité au sein du gouvernement français. Son analyse portera particulièrement sur les aspects suivants afin de clarifier la relation entre l’État française et la religion.

  • L’évolution de la place du religieux dans les politiques étrangers de la France aux XXe et XXIe siècles, ainsi que le rôle des conseillers pour les affaires religieuses (ministère de l’Europe et des Affaires étrangères) dans les relations internationales.
  • Les rapports et les dialogues entre l’État français et les groupes religieux à travers des organisations internationales et locales.
  • La formulation des stratégies et des politiques concernant le religieux dans le cadre de la sécurité (ex. la lutte contre le terrorisme).

Il s’agit d’explorer la relation historique entre l’État et la religion, en particulier dans le contexte diplomatique. En outre, des entretiens menés auprès d’institutions gouvernementales (ministère des Affaires étrangères, ministère de l’Intérieur) et d’associations impliquées dans le dialogue inter-convictionnel permettront de mettre en lumière la situation actuelle.

Informations & Evolution de la recherche​

 

CV

Docteur en histoire de l’art de l’Universidad Autónoma de Madrid (2012), Álvaro Molina y a été professeur associé au département d’Histoire et de théorie de l’art entre 2011 et 2015. En 2016, il a rejoint le département d’Histoire de l’art de l’UNED grâce à un contrat postdoctoral Juan de la Cierva-Incorporación, où il a poursuivi sa carrière académique jusqu’à présent.

Ses axes de recherche portent sur l’histoire de l’art et de la culture visuelle dans l’Espagne du XVIIIe siècle, les études de genre et d’identité, les espaces de sociabilité artistique à la cour et l’analyse de la vie quotidienne dans la ville lors du passage du monde moderne au monde contemporain. Parmi ses principales publications figurent la monographie Mujeres y hombres en la España ilustrada : identidad, género y visualidad (Cátedra, 2013), l’ouvrage collectif La Historia del Arte en España : devenir, discursos y propuestas (Polifemo, 2016), et La decoración ideada por François Grognard para los apartamentos de la duquesa de Alba en el Palacio de Buenavista (Casa de Velázquez, 2020, en collaboration avec Concha Herrero Carretero et Jesusa Vega).

Il codirige actuellement avec Alicia Cámara, le projet de recherche « Cartographies de la ville dans la période moderne : récits, images, interprétations » (CARCEM). En savoir plus sur le projet CARCEM : https://dimh.hypotheses.org

 

Projet de recherche à Paris : Cartographies de la ville au XVIIIe siècle : la production de vues et de plans de Madrid en France

Chercheur invité au sein de l’équipe Histara de septembre à décembre 2022, son projet de recherche porte sur l’analyse des changements dans la représentation de l’espace urbain de Madrid et d’autres villes espagnoles à travers la production de vues d’optique et de plans cartographiques : deux types de représentations qui, au cours du XVIIIe siècle, ont assimilé de nouveaux éléments formels grâce aux progrès scientifiques et techniques dans les instruments d’observation et de mesure, ainsi que de nouveaux modes de représentation, d’appréhension et de regard sur  l’espace urbain.

Les objectifs d’étude spécifiques du séjour se déclinent en trois axes principaux :

  1. Étudier la collection de vues urbaines de Madrid et d’autres villes espagnoles produites dans les ateliers de gravure français du XVIIIe siècle afin de connaître l’évolution des modèles hérités du siècle précédent qui circulaient dans le commerce des estampes.
  2. Étudier la collection de cartes de Madrid et d’autres villes espagnoles produites en France au XVIIIe siècle, ainsi que celles d’autres villes européennes (en particulier les capitales), afin de déterminer les modèles cartographiques de mesure et de représentation et leur influence sur la production de cartes par des artistes espagnols formés à Paris.
  3. Examiner la correspondance des ambassadeurs d’Espagne à Paris afin d’étudier le rôle qu’ils ont joué dans la supervision du séjour de formation des artistes boursiers qui apprenaient l’art de la gravure, ainsi que les éventuels intérêts exprimés dans la circulation de vues et de plans de villes espagnoles susceptibles d’intéresser à l’époque la Couronne espagnole.

 

L’analyse de ces vues, plans et documents d’archives permettra de mieux comprendre les aspects matériels, les utilisations et les formes de circulation de ce type d’œuvres à l’époque, en analysant des collections qui, jusqu’à présent, n’ont guère été étudiées en Espagne par d’autres hispanistes intéressés par les études urbaines du XVIIIe siècle.

 

Année universitaire 2022-2023
Edoardo Piccoli
Professore associato di storia dell’architettura , Politecnico di Torino, Dipartimento di Architettura e Design
Piccoli photo
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CV 

Les recherche d’Edoardo Piccoli portent sur l’histoire de l’architecture du XVIIIe siècle, avec un intérêt particulier pour l’architecture européenne et italienne, l’histoire de la construction et la théorie architecturale. Il a été rédacteur en chef du « Giornale dell’Architettura » (2002-2004), des essais sur Guarino Guarini, Jacques-François Blondel, Bernardo Antonio Vittone et sur la construction de voûtes baroques. Directeur de la collection « I Testimoni dell’Architettura », avec Carlo Olmo, de 2006 à 2009, il est actuelllement directeur de la collection Ungebaute Bauten, Sagep. De 2012 à 2016, Edoardo Piccoli a également été membre du conseil d’administration de « Architectural Histories », revue en libre accès du réseau européen d’histoire de l’architecture (EAHN) et co-directeur de la collection spéciale sur les voyages en 2017.

 

Conférences 2022-2023 

 

I. L’architecture de Turin à l’époque moderne : introduction.

La première conférence, propose une introduction aux thématiques des conférences suivantes. Elle retrace l’histoire du développement de la ville de Turin à l’époque moderne au prisme d’un de ses éléments d’architecture fondamental :  la corniche, “normalisée”, idéalement continue et de hauteur invariable, qui dessine dans l’espace le tracé – stradoni, rues à arcades, places – de la Ville nouvelle. Cette conférence inaugurale vise également à engager les réflexions sur l’existence d’une “architecture urbaine” et sur ses différents retours historiographiques (de G. C. Argan à l’Ecole de Wittkower, à l’histoire urbaine) tissant un rapport entre ville capitale, architecture et pouvoir. 

Références

E. Piccoli, The Turin Cornice, in : GTA Papers, Zurich 2021

 

II. Un palazzo de 300 mètres. Les Princes de Carignan et leur emprise sur la ville

Le cas d’étude ici choisi, l’hôtel de Carignan et ses dépendances, est situé sur les marges du second Ampliamento de la ville nouvelle de Turin. En partant de ce bâtiment exceptionnel construit sur les dessins de Guarini en 1678-83, notre regard va s’étendre sur la parcelle “en longueur”, où les Carignan développent un ambitieux programme de construction et de contrôle urbain : un théâtre, des écuries, des maisons, une place publique et un jardin qui transforment cette zone princière située en plein centre-ville. Quel est le sens et la portée de cette emprise aristocratique sur toute une partie de ville, fondée sur les modèles de Rome et de Gênes, voire de Paris, ville où se déroule une partie considérable de l’histoire des Carignan au XVIIIe siècle ? 

Références

E. Piccoli, Un palazzo per l’Europa (1675-1799), in : Palazzo Carignano, Treccani, 2019

E. Piccoli, Carignano 2, rapport de recherche préliminaire, 2015

 

III. Comment construire la ville régulière : le terzo ampliamento de Turin, 1715-1722 

Comment se construit une ville nouvelle à côté de la ville ancienne ? Prenant pour étude de cas, le troisième agrandissement de la ville de Turin, vers la Porta Susa, cette conférence permettra de considérer les négociations entre cour et municipalité, qui ont conduit au plan arrêté du nouveau quartier, et ses critères contradictoires d’estimation, acquisition et donation des terrains. Afin de pour mieux saisir les enjeux, et le rapport entre différentes échelles de la structure urbaine, la conférence examinera, par la suite, deux autres cas de construction sur les nouveaux sites: l’agrandissement du couvent des clarisses, et la construction d’un prestigieux hôtel particulier, palazzo Saluzzo Paesana.

Références

E. Piccoli et F. Novelli (eds.), Sguardi incrociati su un convento vittoniano. Santa Chiara a Torino, 2017

E. Piccoli, I progetti di Garove per il terzo ampliamento di Torino, in: Michelangelo Garove… Rome, Campisano 2010

 

IV. Dépôts, usines, manufactures. Le péri-urbain productif d’une ville fortifiée au XVIIIe siècle

La dernière conférence présente une étude en cours sur le péri-urbain de Turin à la fin de l’Ancien Régime. Le thème traité entre en conversation avec la publication récente de E. d’Orgeix, “Au pied du mur” par rapport auquel il constitue possible cas d’étude en terme de comparaison. L’analyse de la documentation produite par le service de contrôle sur les constructions du “pomerium” de la ville fortifiée témoigne de la vitalité du “no man’s land” autour de la ville. Un espace situé sur et autour des fortifications qui répond à une demande de constructions temporaires et d’activités économiques et productives agricoles et proto-industrielles, voire de structures logistiques (dépôts de matériaux, etc) qui ne trouvent pas une place à l’intérieur du périmètre fortifié. IL s’agit ici de rematérialiser une histoire de la ville informelle et éphémère et pourtant productive et essentielle à la compréhension du fonctionnement de la ville “pétrifiée” intra muros.

Références

Recherche inédite sur le fonds in partibus de la Azienda fabbriche e fortificazioni (2017-2019 et en cours)

E. Piccoli, C. Tocci, R. Caterino, E. Zanet, Lo Stato entra in cantiere: sviluppo e utilità di una fonte seriale settecentesca, in: Fortmed 2018. 

Année universitaire 2020-2021
Léonore Losserand
Maître de conférences HCA à l'ENSA Paris-Val-de-Seine; chercheur associé Histara, EPHE-PSL
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Construire à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles

Le projet d’enseignement intitulé « Construire à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles » proposé pour l’année académique 2020-2021, est adossé aux conférences d’Histoire culturelle des techniques du Moyen Âge à nos jours (directrice d’études, Émilie d’Orgeix). Il se fonde sur l’étude approfondie de plusieurs chantiers parisiens mis en œuvre aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Les conférences seront construites selon trois axes (introduction, 3 séances par axe et conclusion) :

· société & économie,

· matériaux & mise en œuvre,

· idée constructive.

Cette articulation tripartite permettra de soulever des questionnements méthodologiques inhérents à un champ de recherche encore peu consolidé. Si les chantiers des cathédrales médiévales ont fait l’objet de nombreux travaux depuis le XIXe siècle et, plus récemment, dans le sillage de l’exposition fondatrice Les bâtisseurs des cathédrales gothiques, sous la direction de Roland Recht (1989), les travaux concernant la période moderne sont rares. Nous identifierons au fil des conférences les tâches aveugles encore largement inexploitées, bien qu’explorées ponctuellement par certains chercheurs modernistes depuis plusieurs années. La récente exposition Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au XVIIe siècle, tenue aux Archives nationales de décembre 2017 à pars 2018 en témoigne. Ce travail de restitution du fonctionnement des chantiers parisiens permettra en effet de travailler sur plusieurs des aspects majeurs qui les composent.

Le premier axe aborde la construction architecturale entendue comme fruit d’une commande d’un groupe social ou d’une personne spécifique donnant lieu à une possible catégorisation par typologie architecturale (architecture civile, religieuse, royale, grands projets urbains et architecture ordinaire). Nous verrons combien l’identification des commanditaires relève du champ de l’histoire de l’art tout autant que de l’économie. Cet angle nous permettra de tenter de comprendre les rouages financiers qui sous-tendent, font, défont, accélèrent ou bloquent les chantiers.

Le deuxième axe d’étude consiste en une analyse approfondie de la matière constructive à travers des sources variées. En analysant les textes d’archives, qui étaient alors les documents contractuels, les pièces juridiques et procès-verbaux d’assemblées, il sera possible de restituer le fonctionnement quotidien des chantiers en puisant aux sources de l’information. Cette démarche impliquera de traquer l’information (quitte à « faire parler les choses muettes » ainsi que le disait Lucien Febvre) mais aussi de savoir appliquer une méthode critique adaptées à ces traces. A la recherche nous voulons aborder un angle inédit d’analyse qu’est l’archéologie du bâti. Très ou trop rarement appliquée à l’architecture de la période moderne, ce champ d’investigation pourrait se révéler une méthode applicable et donner l’occasion de susciter des premières études pionnières.

L’ensemble de ces matériaux d’étude étant rassemblées, il sera possible d’aborder dans un troisième axe l’idée constructive en ce que l’architecture est le révélateur de la pensée conceptuelle de l’homme tout autant que ses contingences matérielles de réalisation concrète. A travers l’observation et l’analyse détaillées des nombreux dessins de projets, il sera possible d’entrer dans les différents processus de création architecturale des temps modernes.

Année universitaire 2019-2020
Alicia Camara-Muñoz
Professeure titulaire de la chaire Histoire de l’art, Université UNED, Madrid
Intégré au projet :
Camara Photo
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CV

Alicia Cámara Muñoz, professeur d’histoire de l’art, a été maître de conférences au département d’histoire de l’art de l’université Complutense de 1981 à 1988. Depuis 1988, elle est professeur d’histoire de l’art à la UNED. Elle a occupé divers postes de direction à l’UNED : Directeur de la revue A Distancia, vice-doyenne des départements et professeurs tutoriels de la faculté de géographie et d’histoire, directrice des cours d’été et coordinateur de la licence en histoire de l’art.

Alicia Cámara Muñoz est spécialisée dans l’étude de l’art et de l’architecture à l’époque moderne, avec une attention particulière pour l’architecture militaire et la profession d’ingénieur. Elle a reçu des prix nationaux et internationaux pour ses recherches, tels que la médaille d’argent de l’Association espagnole des amis des châteaux en 2003 et le prix du patrimoine culturel de l’Union européenne, concours Europa Nostra 2004, diplôme d’études dans le domaine du patrimoine culturel » pour le plan directeur de la forteresse Renaissance d’Ibiza. Elle a participé à des projets de recherche nationaux et internationaux, et a dirigé des projets du plan national de R&D en tant que chercheur principal. Elle collabore assidûment avec des groupes de recherche d’autres universités nationales et étrangères et est membre de divers comités de rédaction de revues espagnoles et italiennes.

 

Programme :

L’ingénieur et la globalisation de la science et de la technique aux XVIe et XVIIe siècles : villes et frontières du monde hispanique

Ce cycle de quatre conférences, conçu en articulation avec les enseignements de la chaire en Histoire culturelle des Techniques depuis le Moyen-âge, s’adresse plus largement à tout chercheur, étudiant ou auditeur s’intéressant aux espaces ibériques, de l’Europe à l’Amérique, à l’époque moderne. Il porte sur les processus de globalisation des sciences et des techniques, de réformation de la représentation de l’espace et de partage des savoirs à travers l’étude de la formalisation du métier d’ingénieur moderne dans la monarchie hispanique aux XVIe et XVIIe siècles.

 

1/ Naissance et définition de la profession d’ingénieur à la Renaissance

C’est en 1535, durant la glorieuse campagne de Tunis par l’empereur Charles Quint, que les textes mentionnent pour la première fois « ceux qui se nomment aujourd’hui ingénieurs ». Tout au long du XVIe siècle, le métier d’ingénieur « à la moderne » se précise alors que la science, la description du monde et les mutations de l’artillerie imposent de nouvelles modalités de collaboration entre ingénieurs, mathématiciens, géomètres, cartographes, cosmographes, dessinateurs, architectes et soldats. L’expérience de la guerre profondément renouvelée, engage une réformation totale de la défense des villes frontière. L’ambition de cette première conférence est d’appréhender, par l’étude de sources et de témoignages contemporains, la

formalisation de la nouvelle figure de « l’ingénieur du roi » au XVIe siècle dans les empires ibériques qui participèrent à la première globalisation du monde (Gruzinski). Elle se fondera sur l’étude plusieurs trajectoires d’ingénieurs italiens au service de la monarchie espagnole dont les carrières illustrent la circulation des sciences et des techniques dans les cours européennes (Calvi, Fratin, Antonelli, Turriano, Terzi, Casale…) tout autant que le rôle joué par le Portugal et l’Espagne. L’étude de leurs cartes, plans et sources textuelles servira de trame pour étudier l’organisation et la circulation des savoirs entre Flandre et royaumes d’Italie.

 

2/ Etude de cas : l’ingénieur en chef des rois d’Espagne, Tiburzio Spannocchi.

Tiburzio Spannocchi (1541-1606), né dans l’une des plus grandes familles siennoises dans un palais construit par Giuliano da Maiano, fut l’ingénieur le plus célèbre des rois d’Espagne, Philippe II et Philippe III. Formé comme gentilhomme [caballero] en mathématiques, poésie, musique, histoire et peinture, Spannocchi suivit de près la conception des nouvelles formes de fortifications et de réformation urbaines militaires. Il travailla à Rome pour les cardinaux Delfino et Madruzzo avant d’être engagé par Marcantonio Colonna, vice-roi de Sicile, royaume dont il fit l’un des plus splendides atlas cartographique de la Renaissance. Chevallier de l’ordre de Saint- Jean de Jérusalem, Spannocchi fut appelé en Espagne par Philippe II pour s’occuper de toutes les fortifications, incluant celles situées en Amérique avant d’être nommé ingénieur en chef des royaumes d’Espagne par Philippe III. Malgré de nombreuses missions de reconnaissance qui l’éloignaient de la cour, Spannocchi fut également un ingénieur courtisan qui resta proche des réseaux de pouvoir. Dessinateur extraordinaire, il a légué des centaines de croquis, de vues et de plans qui sont précieux pour étudier l’histoire des villes et des territoires. Sa formation humaniste et son titre de chevalier lui donnèrent l’occasion d’écrire de nombreuses relations historiques, telles celle sur la Grande Armada contre l’Angleterre, et d’être considéré bien plus que comme ingénieur. Son œuvre illustre ainsi la versatilité des savoirs des nouveaux ingénieurs du roi à la Renaissance.

 

3/ La ville des ingénieurs dans le monde hispanique : de la Méditerranée à la Caraïbe.

Les expériences menées par la monarchie espagnole pour fortifier les villes méditerranéennes les royaumes d’Italie et à la frontière africaine, se poursuivirent également le long de la frontière Atlantique (Canaries, Cap Vert, Azore), ainsi que dans la Caraïbe (La Havane, Porto Rico) et les vice-royaumes américains. Le système de fortifications expérimenté dans les ports européens fut progressivement adapté en fonction de la diversité des sites et des armements. Plusieurs ingénieurs y travaillèrent dont, au premier chef, Bautista Antonelli (1547-1616) d’abord employé en Méditerranée, avant de concevoir l’essentiel des fortifications de la Caraïbe créant un système aujourd’hui largement conservé malgré des travaux de modernisation ultérieurs. Certaines autres expériences, telles celle de Port-Louis en Bretagne fortifiée par Cristóbal de Rojas (1555-1614), l’ingénieur qui transforma la ville de Cadix, seront abordées dans cette troisième conférence afin d’illustrer les transferts de science et de techniques menés à bien par les ingénieurs de l’empire Espagnol sur divers continents. L’exemple de la création des villes portuaires fortifiées en Europe sera comparé avec celui des fondations de villes ouvertes en Amérique illustrant ainsi combien la géométrie, si elle présida toujours au tracé, a pu nourrir des applications très diverses.

 

4/ Images et relations de l’altérité dans les villes méditerranéennes de la Renaissance : science et voyage dans un espace maritime en guerre.

L’œuvre des ingénieurs militaires au service des rois d’Espagne est essentiellement documentée dans les archives de Simancas à Valladolid qui témoignent tant de leurs projets que de leurs réalisations. En se fondant sur l’étude de quelques séries de ce fonds d’archives exceptionnel, cette quatrième conférence réexaminera la perception qu’avaient les ingénieurs des infidèles et des ennemi du royaume dans l’espace méditerranéen de Philippe II qui, s’il fut magistralement étudié par Fernand Braudel, fait depuis quelques années l’objet de nouvelles investigations. Les plans et descriptions des villes ennemies que transmirent ingénieurs, espions et envoyés du roi, constituent une documentation fondamentale pour étudier comment l’image de l’autre contribua à la formation d’une culture européenne. C’est d’ailleurs grâce aux frontières de pierre que dessinent les villes fortifiées que l’image de l’Europe pu également se définir. L’étude de l’atlas d’Oran et de Mazalquivir [Mers-el-Kébir] réalisés par l’ingénieur Leonardo Turriano (1560-1628) ainsi que les plans et vues d’Algérie de Pietro Paolo Floriani (1585-1638) serviront ici de fil directeur pour analyser ces phénomènes.

Voir aussi