Projet Lauréat PSL-Columbia 2018 :
C’est au plus fort des convulsions qui accompagnent la fin de la République de Venise et la naissance de la première municipalité démocratique au cours du premier semestre de l’année 1797 qu’Antonio Zalivani publie plusieurs catéchismes républicains destinés à manifester l’adhésion aux idéaux démocratiques et aux projets français de transformation de la Sérénissime. Dès janvier, en effet, la France avait conclu avec l’Autriche les accords de Leoben qui prévoyaient un démembrement des territoires vénitiens : à la France, les provinces se trouvant en Lombardie ; à l’Autriche, les terres jusqu’à la rivière Oglio, l’Istrie et la Dalmatie ; Venise, indépendante, recevra des compensations. En partie à l’instigation de la France, des troubles éclatent rapidement dans un certain de nombre de villes, comme à Bergame, Brescia ou Salo dans le courant du mois de mars et à Vicence et Padoue en avril. Ils portent au pouvoir de nouveaux groupes sociaux et instaurent des municipalités démocratiques. La pression politique et militaire sur Venise s’accroît ainsi fortement et culmine le 1er mai avec la déclaration de guerre. Le 12 mai le Grand Conseil se réunit une dernière fois. Deux jours plus tard, la population est informée du changement de régime et de la formation d’une municipalité démocratique dont les principes sont énumérés par un Manifesto publié le 16 mai : transformation des institutions avec un gouvernement provisoire ouvert à toutes les classes de la population, liberté, droits individuels et droit de propriété…
Antonio Zalivani, abbé de la paroisse populaire San Niccolo dei Mendicoli, publie dans ce contexte le Catechismo cattolico-democratico ici traduit. Tiré à de nombreux exemplaires qui rencontrent un grand succès auprès des partisans du nouveau régime, il est également distribué dans les paroisses et les écoles. De composition très simple, sous la forme d’un dialogue, et divisé en huit chapitres, cet opuscule aborde les thèmes classiques de la liberté, de l’égalité, de la représentation politique, de la nation et de la loi. Il emprunte une perspective qui souligne la complète compatibilité des principes évangéliques et des idéaux démocratiques, l’égalité des citoyens par la souveraineté populaire et la supériorité de la loi, mais aussi l’importance de la propriété privée.
Quelques mois plus tard paraît également le Catechismo repubblicano del cittadino Antonio Zalivani, qui est précédé d’un avis du comité d’instruction publique de la République de Venise en date du 9 septembre 1797, « An I de la liberté italienne ». Sa publication précède donc la signature du traité de Campo-Formio (18 octobre 1797) et la disparition de la République de Venise. S’il reste assez proche du catéchisme catholique-démocratique, notamment dans certaines définitions qui sont des remplois purs et simples, il n’en est cependant pas une seconde mouture. Des différences significatives sautent rapidement aux yeux : le nombre et l’ordre des sections (il y en a désormais dix) et, surtout, l’atténuation sensible des développements sur la compatibilité des Évangiles et de la démocratie.
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