Projet Lauréat PSL-Columbia 2018 :
Issu d’une famille du Nord de l’Italie, Francesco Antonio Astore est né en 1742 dans les Pouilles, alors sous domination des Bourbons. Il poursuit des études au séminaire de Nardo, puis à Lecce, et finalement à Naples. Ai fil de ce parcours, il acquiert une vaste culture allant des langues antiques aux sciences naturelles, en passant par la philosophie et le droit. Il obtient d’ailleurs le titre de docteur en droit dès 1763. En relation avec des figures marquantes de la vie intellectuelle napolitaine, mais aussi avec les rédacteurs du Giornale enciclopedico d’Italia et des Effemeridi letterarie di Roma, il prend une part active à la formation d’un catholicisme des Lumières ouvert aux aspirations réformatrices, mais fermement opposé aux idées plus radicales, à l’irréligion, au libertinage et au matérialisme.
Profondément catholique et monarchiste, Francesco Astore écrit des sonnets et des épigrammes en latin, italien ou français qu’il dédie à des grands d’Europe tels le pape Pie VI, l’Empereur Joseph II, l’impératrice Catherine II, le roi de Naples Fernando IV. Son adhésion soudaine à la cause républicaine en 1799 et son acceptation d’une charge de juge de Cassation restent en bonne part mystérieuses. Elles lui coûteront la vie.
L’engagement de Francesco Antonio Astore dans la République napolitaine se traduit notamment par la publication de deux textes importants : une traduction du traité Des droits et des devoirs du citoyen de Mably (publié de façon posthume en 1789) et le Catechismo repubblicano in sei Trattenimenti a forma di dialoghi publié en 1799 chez les imprimeurs napolitains Nobile et Bisogno.
Avec celui d’Onofrio Tataranni, ce long catéchisme compte parmi les plus importants de la République napolitaine. Conçu pour être diffusé et utilisé à l’occasion des grandes fêtes populaires, il obéit à une structure complexe, qui rappelle l’intérêt porté de longue date par Astore à l’éloquence et à son histoire. Six « divertissements », qui sont autant de leçons sous forme de dialogues, se succèdent dans ce volume de près de 80 pages. Ce catéchisme aborde la condition humaine, les formes de gouvernement, le contrat social, la fabrique de la loi dans le cadre du gouvernement représentatif ainsi que les droits, les devoirs et les vertus de celui que l’auteur défini comme le vrai républicain : « le vrai républicain – écrit Francesco Astore dans la sixième et dernière leçon – est en tout conforme aux divines maximes de l’Évangile ».
Deux particularités majeures de ce catéchisme républicain méritent d’être soulignées : la citation de Voltaire sur la page de titre, un auteur pourtant combattu auparavant par Francesco Astore, et la courte adresse liminaire à Mario Pagano, l’auteur d’une de constitution napolitaine qui ne sera jamais mise en pratique. L’ouvrage se clôt par une série de cinquante aphorismes « du citoyen » qui rappellent d’emblée que Dieu a créé les hommes à son image et égaux entre eux et qui s’achèvent sur l’éloge d’une France libératrice de peuples oppressés par leurs tyrans.
Projet Lauréat PSL-Columbia 2018 :