Bâle, Suisse
10 décembre 2024
Institut de France, Paris
6 décembre 2024
INHA, salle Vasari
5 décembre 2024
INHA (salle Benjamin), 2 rue Vivienne 75002 Paris
5 décembre 2024
EHESS
5 décembre 2024
Paris, CERI-Sciences Po
27 novembre 2024
Jaén
Par bien des aspects, les femmes artistes, et notamment artistes-peintres, ont été invisibilisées par l’historiographie. Non seulement elles sont largement exclues des répertoires d’histoire de l’art, mais leur apport est aussi très minoré ou sous-estimé. Par conséquent, leurs œuvres tout autant que leurs trajectoires biographiques sont restées dans l’ombre. Depuis quelques années, un mouvement s’esquisse néanmoins en faveur d’un rééquilibrage de cette histoire de l’art largement écrite au masculin, afin non seulement de faire droit à ces figures féminines et à leurs productions, mais aussi d’apporter un correctif à une image forcément biaisée de l’histoire sociale de l’art. De manière frappante, les média numériques (blogs, réseaux sociaux type Instagram) jouent un rôle de premier plan dans l’entreprise de réévaluation de la place des femmes artistes et de leur production.
Le présent projet de recherche entend s’inscrire dans ce courant de renouvellement historiographique à travers l’étude de l’œuvre de femmes peintres du XVIIIe siècle et dont une large partie de la production artistique consiste en autoportraits. Un tel corpus présente en effet l’intérêt d’interroger non seulement le statut social et professionnel des artistes concernées, mais aussi la nature et la fonction de leur représentation des femmes. Il s’agit donc d’analyser la place que les femmes artistes occupent à cette époque dans la société à un double titre : la démarche politique derrière le chevalet, mais aussi sur la toile. Dans quelle mesure prendre le pinceau, et se représenter au travail, constitue-t-il une démarche égalitaire ? Ces tableaux offrent-ils une nouvelle vision de la société ? Peuvent-ils être considérés comme des manifestes identitaires ?
Fondée en 1648, l’Académie royale de peinture et de sculpture n’admettra que très progressivement des femmes en son sein, et aucune n’y occupait de titre supérieur ; de surcroît tous les cours ne leur étaient pas autorisés. La première à être reçue dans l’institution fut Catherine Girardon, en 1663. Au total, seules quinze femmes y furent admises jusqu’à sa dissolution en 1793. Deux d’entre elles : Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842, admise en 1783), et Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803, admise en 1783), sont particulièrement intéressantes pour aborder les problématiques évoquées ci-dessus. Elles ont en commun d’appartenir à une même génération, d’avoir été membres de l’Académie et d’avoir, par leur talent, acquis non seulement une indépendance financière, mais aussi une véritable renommée. Elles étaient connues sous leur nom véritable (composé de leur nom de jeune fille suivi de leur nom marital). Leur pratique de l’autoportrait peut se comprendre comme une affirmation de leur statut d’artiste dans la mesure où le portrait était le genre académique le plus noble après la peinture d’histoire – laquelle leur était interdite. Si ma recherche est axée sur les autoportraits, je mentionnerai également la pratique du portrait de ces deux artistes, car, via cela, elles s’émancipaient des genres moins nobles qui leur étaient traditionnellement réservés, à savoir les natures mortes et les scènes de genre. Autoportrait, allégories, portraits de l’aristocratie et de la bourgeoisie française sont les œuvres principales de ces quatre femmes. Se représenter, ou représenter d’autres femmes était un acte consciemment politique, un acte de revendication d’une légitimité créatrice et de leur place dans l’atelier. Sous la Révolution, plus de 60 portraits de femmes peintres à leur travail, ou autoportraits, réalisés par des femmes, ont été exposés dans différents Salons. Ce mouvement d’émancipation féminine n’a pas survécu à la période révolutionnaire. Elisabeth Vigée-Lebrun écrit « Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées ». Pour légitimer leur place en tant qu’artiste (terme anachronique, car au XVIIIe siècle, elles sont classées dans la catégorie « femmes peintres », moins prestigieuse que celle d’« artiste », réservée aux hommes), elles utilisent plusieurs moyens et réalisent des œuvres puissantes.
Mon corpus de recherche sera constitué des représentations féminines réalisées par ces deux femmes artistes, qu’il s’agira de resituer dans l’ensemble plus large de leur production. Je tâcherai d’éclairer leur activité et leur production en m’appuyant sur le règlement et les procès- verbaux de l’Académie royale de peinture. Différentes monographies leur ayant été consacrées ainsi que les travaux récents sur la place des femmes artistes dans l’histoire des arts constitueront le cœur de la littérature secondaire que je mobiliserai. Je souhaite également m’appuyer sur l’exploitation des archives de l’Académie royale de peinture conservé