Le projet consiste à examiner ce que la mobilité fait aux objets techniques. On s’intéressera d’abord aux techniques mises en œuvre pour permettre aux objets de circuler et à ce qui se joue dans le « space in between » (Marianne Klemun) qui sépare le lieu de l’expédition de celui de sa réception. Certaines correspondances savantes du XVIIIe siècle, comme celle de Jean-François Séguier, sont un bon observatoire de cette culture matérielle du voyage des objets : graines, plantes, oiseaux, fossiles mais aussi manuscrits, monnaies ou vestiges antiques aplatis, séchés, conditionnés, étiquetés, protégés et munis d’instructions précises avant de pouvoir être transportés.

On prêtera aussi attention aux phénomènes d’hybridation qui se jouent dans le déplacement. Les guides de voyage ont le plus souvent été étudiés comme des textes, mais ce sont aussi des objets, annotés par les voyageurs, truffés de papiers divers ou des instruments de mesure transformés par des apports de matérialités exogènes (fils, bois, peaux…). Enfin, on suivra la manière dont les objets techniques mobiles sont intégrés dans des systèmes conceptuels et intellectuels différents de celui de leur espace de conception, et la manière dont cette réception ajoute une strate conceptuelle nouvelle à leur interprétation et à leur usage.