Projet Lauréat PSL-Columbia 2018 :
Au-delà d’un parcours prévu jusqu’au lieu de destination, des événements multiples, parfois inattendus et même contraignants, peuvent s’enchaîner au cours du trajet. Il suffit de se rappeler des nombreux architectes européens qui se rendirent à Rome dès la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cette étape, essentielle vers la modernité, poussa à des allers et retours effectués à pied ou à cheval, garantissant des découvertes de témoignages historiques et récents.
D’innombrables carnets montrent une moisson impressionnante de relevés et de croquis, fixés avec rapidité sur la feuille et, par le biais d’un processus d’appropriation aux goûts et aux principes esthétiques du jour, convertis en modèle des créations contemporaines.
Quant aux Italiens qui s’installent en France, le dynamisme fut en général inversé. Les pochettes remplies de dessins, amenées par exemple par Sebastiano Serlio lorsque celui-ci rejoignait en tant que « peintre de architecture du roy » le château de Fontainebleau en 1542, eurent une influence importante pour le renouveau des langages architecturaux en France.
Les conditions des déplacements furent peu sûres et les voyageurs étaient constamment confrontés à des pertes déplorables de matériels et des dégâts et, dans certains cas, une telle disparition de dossiers irrécupérables pouvait stimuler l’imagination, afin de restituer un dessin ou un texte.
Les maquettes d’architecture furent aussi d’un apport essentiel, elles jouent tantôt le rôle de simulation éloquente d’un projet, tantôt celui d’instrument d’information pour les exécutants aux chantiers.
Inévitablement ces trajets, au bout desquels certains objets arrivèrent endommagés et fragmentaires, ont contribué à semer des doutes et des malentendus quant aux intentions des architectes concepteurs. Ces approximations se sont alors inscrites dans l’histoire de l’architecture du Quattrocento.