Cette recherche monographique porte sur l’œuvre et la carrière de Louis Nicolas Vardin, seigneur de Clerville (1610-1677), plus connu sous le nom de « chevalier de Clerville ». Architecte,  fortificateur et hydraulicien, Clerville est, sans contredit, l’un des ingénieurs militaires les plus importants du XVIIe siècle français.

C’était également un excellent marin qui a participé à de nombreuses campagnes terrestres et navales en France et à l’étranger ainsi qu’un cartographe compulsif qui a légué une œuvre immense aujourd’hui conservée dans différents fonds d’archives. Cumulant les titres et les honneurs en début de carrière - Clerville fut ainsi chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, maréchal de camp et surtout premier commissaire général des fortifications du royaume, charge créée spécialement pour lui par Mazarin en 1659, son influence s’affaiblit cependant rapidement au profit de la nouvelle étoile montante qu’est alors Vauban (1633-1707). C’est ce dernier épisode, marqué par l’éviction de Clerville lors du siège de Lille en 1667, que l’historiographie a essentiellement retenu, le réduisant à son unique rôle de rival malheureux. Dès lors, écrasé par la renommée de Vauban, il a été oublié de tous. Si l’on excepte le long article que lui a consacré Anne Blanchard en 1998, sa vie reste étonnamment peu connue au regard de l’immense documentation manuscrite qu’il a léguée. Parmi celle-ci, subsistent notamment un nombre considérable de cartes, plans et minutes ainsi que de très nombreuses correspondances échangées entre Clerville et différents ministres pendant près de quarante ans, de la guerre de Trente Ans à sa mort. Longtemps protégé de Mazarin (1602-1661), proche de Nicolas Arnoul (1608-1674), intendant des bâtiments et conseiller du roi, puis de Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des finances, Clerville a également entretenu des relations étroites avec Colbert durant les deux dernières décennies de sa vie (1619-1683).