Le renouveau historiographique suscité par le centenaire de la Première Guerre mondiale a remis en lumière l’ampleur des destructions patrimoniales et l’enjeu de la Reconstruction. Fallait-il profiter de l’occasion pour adapter l’ensemble du décor, les vitraux et le mobilier liturgique aux évolutions esthétiques et offrir ainsi de nouveaux chantiers aux artistes ? Ce fut, en 1919, le rêve des Ateliers d’art sacré fondés par Maurice Denis et George Desvallières : former des artistes chrétiens et combattre les fadeurs des productions industrielles par des œuvres authentiques. D’autres groupements d’artistes ont partagé une telle ambition qui anime depuis le début du XIX^e siècle la quête d’un idéal de l’art chrétien, mais la dimension pratique et pédagogique va distinguer particulièrement les Ateliers d’art sacré. Leur action fut l’une des plus concrètes et des plus fécondes, quel que soit le jugement contrasté que l’on peut porter sur les réalisations. La création du label « Patrimoine du XX^e siècle », l’inscription ou le classement à l’Inventaire d’églises des années vingt et trente, comme l’attention portée aux Chantiers du Cardinal, auxquels les membres des Ateliers ont souvent participé, ont contribué à éclairer un pan négligé du patrimoine contemporain. Les conditions sont ainsi réunies pour faire, d’une part, le bilan des différents apports historiographiques et pour lancer, d’autre part, des travaux plus approfondis afin de préciser tant le rêve des origines que la réalité des productions et l’état actuel de leur conservation. Il reste à mesurer l’importance effective des commandes et des chantiers tant en France qu’à l’étranger afin d’évaluer la portée internationale du mouvement. Après un colloque de cadrage dont les actes sont en cours de publication, le projet se poursuit en partenariat notamment avec Fabienne Stahl (musée Maurice Denis).