Projet Lauréat PSL-Columbia 2018 :
Un projet politique à dimension universelle
Les droits humains, un effet de la domination occidentale ?
La diplomatie des droits comme dialogue international
Une extension continue, mais laborieuse
Droits humains et dynamique démocratique
Droits humains et dynamique contestataire
La rivalité Occident-puissances révisionnistes
Des droits humains remis en cause dans les démocraties
La rétractation des droits dans le système international
Pensés comme référence universelle par les organisations internationales, les droits humains s’expriment dans les rapports de force entre États et au sein des sociétés civiles, en faisant une composante majeure de la géopolitique contemporaine. Héritage des Lumières, ils sont de plus en plus perçus comme une volonté d’imposition du libéralisme occidental, de ses valeurs décadentes et de la perpétuation d’une forme de néo-colonialisme.
De la Chine à la Russie, en passant par de nombreux pays d’Afrique, mais également les mouvements conservateurs au sein des démocraties, la contestation est profonde et interroge sur la survie même de cet ordre des libertés fondé sur les équilibres de 1945. Alors que, dans le même temps, la revendication des droits humains est plus actuelle et vivace que jamais, ces derniers peuvent-ils retrouver une forme d’universalité ou vont-ils se diluer dans le relativisme ?
Prologue
Se saisir d’une faculté universelle
I. Le temps confisqué
La vie consumée par le travail
L’attention dévorée par les écrans
La démocratie ruinée par le négoce
II. Aux origines du loisir fécond
L’invention grecque de la skhôlè
Discrédit romain puis chrétien de l’otium
Foucault réactualise les enjeux politiques de l’otium
III. Un mot pour résister
Refuser la marchandisation intégrale
L’École et l’otium pour tous
Habiter le temps
Épilogue
Redevenir protagoniste
Dans la précipitation générale, chacun ressent le besoin de ralentir pour réfléchir. Mais l’addiction aux écrans compromet notre temps de cerveau disponible. Comment nous désintoxiquer de ce nouvel opium ? Comment ressaisir notre temps libre pour, à nouveau, penser, imaginer, contempler ?
Ce livre propose de renouer avec l’otium, le « loisir fécond » que l’Antiquité plaçait au sommet des activités humaines. Libéré des urgences et des calculs, il favorisait le for intérieur, la sagesse, le bien commun. Révélant son intemporalité, Bourdieu y distingue une possibilité anthropologique universelle et, Foucault, l’outil d’un souci de soi, soucieux d’autrui.
Après des siècles d’oubli, l’otium pourrait nous aider à reféconder nos loisirs. C’est le mot qui nous manque pour légitimer notre quête de sens, de profondeur, de durée. Longtemps havre de quelques-uns, il pourrait enfin devenir l’otium de tous, l’otium du peuple !
Ouvrir les portes de la cité la plus fameuse de l’histoire médiévale russe, Novgorod, c’est entrer dans un monde fabuleux et méconnu, aux origines mêmes d’une puissance millénaire. Pour en saisir l’esprit, il faut naviguer entre les textes et les vestiges, tenter de faire la part du mystère et de la vérité historique. Riourik, héros mythique, y a-t-il fondé la Russie, ou la « Ville Neuve » est-elle apparue lorsqu’une libre association d’aventuriers vikings, commerçant les armes à la main, s’est installée aux bords du fleuve Volkhov ? Novgorod invite à l’aventure et au rêve.
L’historien Pierre Gonneau nous guide à travers l’écheveau des rues et des monuments de la ville la plus peuplée de Russie au début du XIIIe siècle, avec près de 30 000 habitants. Comme les marchands allemands de la Hanse venus acquérir de précieuses fourrures, l’auteur s’arrête devant la blanche cathédrale Sainte-Sophie, symbole du lieu. Il parcourt le territoire sur lequel cette cité exerçait son pouvoir, envoyant ses jeunes gaillards batailler sur les rives de la mer Blanche comme aux confins de la Volga.
Les aspects politiques, économiques et artistiques y sont présentés avec précision, rappelant la puissance et le rayonnement de cette cité libre, presque « république », qui résiste à Alexandre Nevski. Si ce modèle politique disparaît sous les coups d’Ivan III en 1478, il subsiste encore un peu de cet esprit si singulier dans les icônes et les manuscrits de prestige, comme dans les étonnants billets sur écorce de bouleau qui racontent les travaux et les jours.
Le négoce envahit désormais nos vies. Converties en “temps de cerveau disponible”, la rêverie, l’étude, la contemplation gratuites n’ont plus guère de place dans un univers entièrement marchandisé. Nous comprenons que cette mutation altère une part précieuse de notre existence mais nous peinons à la nommer. D’origine latine, le mot “négoce” vient de nec otium, c’est-à-dire la négation du loisir. Dans l’Antiquité, le loisir était pourtant considéré comme l’un des moments les plus désirables et les plus vertueux de la vie. Affranchis des tâches élémentaires, des préjugés, des croyances, des intérêts, les citoyens pouvaient se dédier à la quête du sens, de la beauté, de la sagesse. Notamment grâce à l’otium studieux, ils jouissaient du plus haut degré d’autonomie et de désintéressement jamais inventé. Plus tard, au lieu de s’étendre à tous, l’otium se vit dénigré par la morale dominante qui le considérait improductif. En revanche, pour une minorité, il restait indissociable de la vraie liberté et de tout projet démocratique
Revisitant cette histoire méconnue, Jean-Miguel Pire montre combien la redécouverte du loisir studieux peut nous émanciper. Il se demande comment la République peut aider chacun à jouir enfin d’un otium fécond pour lui-même et pour sa contribution au bien commun. Longtemps jugée futile au pays de Descartes, l’éducation artistique représente ici la meilleure des initiations : inutile, incalculable, irréductible, l’art n’est-il pas “ce qu’il y a de plus réel, la plus austère école de la vie, et le vrai jugement dernier” comme l’écrivit Proust ?
« La laïcité est une exception française. »
« Le modèle français de laïcité est uniforme.
« La vraie laïcité exige une stricte séparation entre les Églises et l’État. »
« La laïcité n’est pas un concept exportable. »
« La laïcité est universelle. »
« La laïcité est une antireligion. »
« L’islam est incompatible avec la laïcité. »
« La laïcité protège les droits des femmes. »
« Les religions doivent être reléguées à l’espace privé. »
« La laïcité doit s’imposer aux individus et à la société. »
« L’État laïque ne doit entretenir aucune relation avec les religions. »
« Les agents du service public ne bénéficient pas de la liberté religieuse. »
« La pratique religieuse est interdite dans les institutions publiques. »
« La laïcité permet une réelle égalité de traitement des différentes religions. »
« L’école est forcément laïque. »
« Les signes religieux sont tous interdits à l’école. »
« On ne parle pas de religion à l’école. »
« La morale laïque est incompatible avec les morales religieuses. »
Les débats sur la laïcité, qui agitent à intervalle régulier l’espace politico-médiatique en France depuis une trentaine d’années, n’ont malheureusement pas contribué à éclaircir la définition de ce principe essentiel de notre République. Reflets d’anciennes positions antagonistes réactivées par une visibilisation accrue du religieux dans nos sociétés si profondément sécularisées, ils prennent souvent un tour idéologique qui excède largement l’esprit initial de cet outil juridico-politique à la fois pragmatique et libéral. Ces confrontations nous font parfois oublier qu’il n’y a pas une Laïcité, mais des formes diverses et contextualisées de laïcités. Chaque type de laïcité est en effet le résultat d’un processus historique long de modernisation politique et sociale, différencié selon les espaces politiques et les forces en présence, qu’elles soient civiles ou religieuses.
C’est à l’éclaircissement des attendus de ce débat, souvent passionnel et parfois confus, que cet ouvrage est consacré.
Comment faire découvrir aux nouvelles générations cet historien de l’art exceptionnel que fut André Chastel ? Grâce aux voix d’une vingtaine de témoins, un portrait vivant et contrasté de ce chantre du patrimoine français s’offre aux lecteurs. Leurs souvenirs, leurs jugements parfois sévères ont été recueillis pour le Comité d’histoire et confrontés à ses propres confidences, à la correspondance qu’il a entretenue avec des savants du monde entier. Ces témoignages, joints à la consultation d’archives écrites souvent inédites, sont une belle démonstration de la pertinence des archives sonores utilisées avec méthode par le Comité d’histoire depuis plus de vingt ans pour établir l’histoire de ceux et de celles qui ont contribué à faire vivre le ministère de la Culture.
André Chastel, interlocuteur d’André Malraux et de Jack Lang, fut une autorité reconnue tant aux Monuments historiques qu’aux Secteurs sauvegardés. Il s’illustra par sa volonté d’innovation en cette période des trente Glorieuses, au cours de laquelle il suffisait de vouloir pour faire, comme le fait remarquer Florence Descamps.
Avec sa forte personnalité de journaliste au Monde, de professeur à la Sorbonne et au Collège de France, André Chastel fut l’inventeur de l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, l’animateur de nombreuses associations professionnelles. Il a permis ainsi à l’histoire de l’art de sortir d’une période de marasme – si bien décrite par Pierre Vaisse en prologue à cet ouvrage – et de conquérir une existence à part entière entre érudition et littérature.
Dominique Hervier, historienne de l’art, est conservateur général honoraire du Patrimoine et ancienne élève d’André Chastel
Eva Renzulli, docteur en histoire de l’art, est chargée de conférences à l’École pratique des hautes études
avec la participation de Sébastien Chauffour, Sophie Derrot, Florence Descamps, Pierre Vaisse.
Léonard de Vinci a laissé des centaines de dessins d’architecture — la plupart de simples ébauches ou esquisses —, rarement légendés et souvent imbriqués les uns dans les autres. Cette production graphique, qui reflète différentes phases de sa réflexion conceptuelle, représente encore un défi pour l’histoire de l’architecture. Certains de ces dessins concernent des projets concrets et facilement identifiables, mais la majeure partie d’entre eux est dédiée à des recherches spéculatives autour de thèmes qui stimulèrent l’intérêt de l’artiste toscan.
Le présent ouvrage se penche également sur les liens directs ou indirects que Léonard avait établis avec ses commanditaires et sur les dynamismes de migration de certains de ses concepts. Ainsi se distinguent le caractère singulier de son imaginaire architectural mais aussi les éléments que le grand maire partageait avec les autres artistes de son temps. Organisé selon des critères à la fois chronologiques et typologiques, le volume se focalise d’abord sur des thèmes spécifiques de la production de Léonard : « l’architecture peinte » (point de départ de son activité ultérieure dans le domaine monumental), l’architecture religieuse et funéraire, les demeures, les restructurations urbaines et les fortifications.
L’attention se concentre en outre sur des éléments plus précis comme les escaliers, le langage des ordres ou les créations éphémères. L’un des objectifs est de mieux définir le contexte historique et d’examiner le processus d’assimilation de certaines idées héritées de la Renaissance italienne, notamment pendant son séjour auprès de la cour de François ¡Or à la fin de sa vie. l’ouvrage se propose enfin de questionner la fortune de sa pensée architecturale au sein du vaste panorama que constitue l’art de bâtir des XVe et XVIe siècles.
Ce livre s’inscrit dans le cadre des initiatives lancées en 2019 à l’occasion du cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci et a pour objectif d’alimenter le dialogue interdisciplinaire autour de cette figure-clé de la Renaissance européenne.
Préface
Introduction
1. Sources orales et histoire : un apprivoisement séculaire
Le rejet de la source orale à la fin du XIXe siècle
Les occasions manquées de l’entre-deux-guerres
Premières acclimatations de l’histoire orale en France
2. Les archives orales ou le tournant patrimonial
L’invention des archives orales
Archiver la mémoire des traumatismes du XXe siècle
3. Vers un patrimoine mémoriel
Le processus de patrimonialisation des archives orales
Vers une mise en patrimoine de la mémoire
4. Une histoire orale à la française ?
Processus de normalisation ou maintien d’une exception française ?
Chantiers et perspectives d’avenir
Conclusion
Que les vivants puissent un jour écouter les morts. Ne serait-ce pas ce désir secret qui fonde en dernier ressort l’enregistrement et la mise en archives des voix du passé ? Après son ouvrage L’historien, l’archiviste et le magnétophone (2001), qui a inspiré nombre de campagnes de collecte d’archives orales, Florence Descamps reprend sa réflexion sur les usages scientifiques et sociaux des témoignages oraux et fait le bilan de la réintégration de la source orale dans la boîte à outils de l’historien.
PRÉSENCE DES RELIGIONS DANS L’ORDRE INTERNATIONAL
Représentations et mobilisations des acteurs institutionnels
La défense de la liberté religieuse dans le monde
RÉSEAUX RELIGIEUX DANS LA MONDIALISATION
La reconfiguration globale des religions dans la mondialisation
Réseaux religieux, sociétés civiles et relations internationales
USAGES DU RELIGIEUX DANS LES RELATIONS ENTRE ÉTATS
Référents religieux et politique internationale des Etats
Les minorités religieuses, sources de tensions internationales ?
RELIGIONS ET DESTABILISATION DES ÉTATS
Groupes armés et identités religieuses
Le terrorisme djihadiste et le désordre mondial
Loin de décliner irrémédiablement comme certains théoriciens de la sécularisation le prédisaient à la fin du siècle dernier, les religions sont redevenues des acteurs incontournables des relations internationales contemporaines. On le mesure bien sûr au réveil de la violence à justification religieuse qui constitue un des éléments saillants de guerres ethniques ou nationales (conflit israélo-palestinien, guerre civile au Sri Lanka, massacre des Rohingyas et, plus proche de nous, conflit en Irlande du Nord) ou du terrorisme (d’Al-Qaïda à Daech, en passant par les tueries initiées par des suprématistes défendant l’Occident chrétien).
L’influence des religions dans le monde ne peut pourtant pas se résumer à cette seule violence. Leur activité à l’international répond à de multiples motivations : répandre leur message spirituel, promouvoir une morale, renforcer la cohésion de leurs adeptes. Elles jouent également un rôle important dans le développement d’une culture de paix et de dialogue et dans le règlement de certains conflits, par la pratique du dialogue interreligieux, de la médiation et du secours humanitaire.
Les modalités de l’action politique et diplomatique des religions dans le monde sont donc complexes et parfois paradoxales. A l’origine de certains conflits, les religions peuvent tout aussi bien œuvrer à leur résolution…
Blandine Chélini-Pont est professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille et enseigne les relations internationales et géopolitiques.
Roland Dubertrand, diplomate et diplômé d’études supérieures de théologie et de sciences des religions, a notamment été conseiller pour les affaires religieuses du ministère des Affaires étrangères.
Valentine Zuber est directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études à Paris, titulaire de la chaire de « Religions et relations internationales ».
Les périodes de crise sont parfois les plus propices à la redéfinition des priorités. Au moment où l’espace public semble devoir être entièrement vampirisé par les questions économiques, il faut réaffirmer la nécessité des valeurs immatérielles. Loin d’être un supplément d’âme, l’art et la culture conditionnent l’accès à une citoyenneté libre et éclairée. Plus que jamais, notre école républicaine doit donner à chaque élève les clés qu’elle est parfois la seule à pouvoir dispenser.
Plus que jamais, l’ensemble des lieux dédiés à l’art et à la culture, doivent concentrer leurs efforts pour agir de concert avec elle. Véritable think tank public dédié à cette ambition, le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle est chargé d’une mission de réflexion, de dialogue, de proposition et de prospective visant à améliorer la place de l’art dans l’éducation. Animé par le musicien Didier Lockwood, il réunit artistes, chercheurs, enseignants, responsables culturels, élus locaux, parents d’élèves, responsables administratifs pour proposer une contribution originale au débat public.
Nombre de ses propositions inspirent les politiques éducatives et culturelles et il a su créer une passerelle précieuse entre les ministères de la Culture et de l’Education nationale. Relatif à la période couvrant 2010 et 2011, ce rapport bisannuel rend compte de travaux qui ont essentiellement concerné trois grands domaines incarnant chacun un aspect essentiel de l’éducation artistique et culturelle : le théâtre qui demeure l’un de ses pôles les plus anciens et en incarne tensions et paradoxes ; la mise en oeuvre du nouvel enseignement d’histoire des arts, en particulier le souci de l’articuler avec l’initiation à la pratique artistique comme à la fréquentation des oeuvres par les élèves ; l’importance croissante de la numérisation de la culture, autant comme moyen de création que de diffusion de l’art et de la culture. A l’heure où l’Etat est surtout mobilisé par des impératifs matériels et gestionnaires, il est vital qu’il puisse disposer d’une expertise indépendante pour alimenter son effort prospectif et éclairer ses réformes.
Les travaux du Haut Conseil tentent de répondre à cette exigence en l’inscrivant dans la continuité et la régularité depuis 2005. S’en dégage l’aspiration d’un nombre croissant d’acteurs en faveur d’un enseignement plus humaniste, un enseignement renouant avec les fondements de l’école républicaine et dans lequel l’art et la culture puissent à nouveau jouer un rôle essentiel.
Peut-on enseigner l’art ? Comment et pourquoi l’enseigner ? Ce livre expose les transformations institutionnelles et idéologiques qui ont marqué l’évolution de l’enseignement des arts. De la formation académique au XIXe siècle au dépassement de la tradition au début du XXe, de l’enseignement du dessin à l’initiation aux arts plastiques, il s’achève en ouvrant sur la question, très débattue, de la place réservée à l’histoire des arts dans le cursus scolaire.
Quatre décennies après 1789, les besoins de l’Etat sont la liberté et l’unité. Savant et politique du régime, Guizot entend réconcilier une société déchirée et tenir la promesse d’émancipation formulée par la Révolution. Ainsi le caractère fondateur du » Moment Guizot » ne pouvait apparaître qu’à la lumière d’une sociologie historique des idées politiques. Qu’est ce que la liberté sans l’éducation ? Qu’est ce qu’une société qui ne débat pas de ses valeurs ? S’ils ont déserté le débat sur la politique culturelle, ces problèmes interrogent toujours la dimension culturelle de tout projet politique.
Projet Lauréat PSL-Columbia 2018 :